Sur scène, au fil de quatre actes allant de la rivalité à la réconciliation, éclate alors une danse puissamment égalitaire, où femmes et hommes se partagent l’éclat des sauts, la frénésie d’escouades vite formées autant que la délicatesse des frôlements et des esquives. (…) il s’agit pour toutes ces Pénélope démultipliées sur scène de résister aux prétendants. À ces hommes qui en l’absence d’Ulysse parti guerroyer à Troie, veulent piquer la place de roi dans le lit de son épouse. La danse est alors cinglante. Anguleuse. Avec des points de violence contenue, quand Pénélope, d’un coup vient par exemple frapper de son corps jeté à l’horizontale les cinq bustes masculins serrés les uns contre les autres. Mais celle ci a peut-être aussi gouté aux plaisirs sensuels, comme l’expriment ses reptations arachnéennes mimant les langueurs de la volupté. (…) En guise d’intermèdes, telle une rêverie enveloppant l’ensemble, des images filmés d’un vieux couple. Leur timide et touchant ballet gestuel nous rappelle, à propos, que lorsqu’Ulysse retrouve enfin Pénélope l’horloge de l’amour a déjà beaucoup tourné. Le message ne manque pas de mélancolie, alors que l’élan final s’enracine, lui, dans cette énergie de groupe dont Gallotta a toujours eu le secret. Où les ensembles endiablés sont la source de toutes les rencontres , de toutes les inventions, de toutes les joies de danser.