ANOMALIA # Théâtre

Quelque part en occident…

Blanche attend Madow.
Cela fait longtemps qu’ elles ne se sont pas vues.
Elles avaient l’habitude de se donner rendez-vous, ici ou là, autour du monde, pour lui redonner des contours habitables, parce qu’ il y a urgence. Mais du temps a passé sans que ce rendez-vous soit honoré. Blanche et Madow se sont rencontrées par hasard il y a loin, un soir où la colère et la tristesse ne savaient pas se taire à la sortie d’une de ces réunions internationales où elles étaient conviées à prendre la parole en raison de leur engagement respectif, pour éclairer trop vite quelque alarmante situation. Elles se sont liées d’une amitié profonde comme il arrive quelque fois que ça arrive, parce qu’ autour d’une phrase prononcée, d’un sourire, d’un silence, d’un regard on reconnait un espace dans l’autre et l’ élan qu’il offre. Quand s’ ouvre la pièce Madow arrive chez Blanche après un long voyage alors que Blanche aurait dû la rejoindre. Madow est sur tous les fronts, de toutes les guerres, et quand elle rentre chez elle ce n’ est jamais pour longtemps, mais elle habite loin d’ici, sur un autre continent et parle aussi une autre langue que celle de Blanche. Quand elle arrive elle découvre Blanche frappée d’un étrange stigmate : une intense faiblesse la garde clouée dans un fauteuil, elle ne supporte plus la lumière, ni le bruit, elle qui aime éperdument tout ce qui traverse sa sensibilité, depuis toujours son paysage d’ étude et de travail. Madow, elle, saigne de toutes sortes d’histoires déchirantes sous sa chemise, elle saigne réellement, sans réussir à éponger et sans que ça n’ inquiète vraiment. Autour de chez Blanche, d’ étranges et bruyants effondrements interrompent sans cesse la conversation difficile de leurs retrouvailles et les explications que nécessite ce rendez-vous manqué.